Dans un développement dévastateur qui aggrave davantage la crise humanitaire à Gaza, le Programme alimentaire mondial a temporairement suspendu les livraisons de nourriture après qu’au moins 112 Palestiniens ont été tués lors d’une distribution d’aide chaotique près de Gaza-Ville. L’incident de jeudi, qui s’est produit alors que des civils désespérés se précipitaient pour accéder à des fournitures essentielles, marque l’un des épisodes les plus meurtriers en plusieurs mois d’insécurité alimentaire dans cette région ravagée par la guerre.
Selon les responsables de la santé à Gaza, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des foules rassemblées autour de camions d’aide dans le nord de Gaza, tandis que les autorités militaires israéliennes affirment que leurs troupes ont tiré sur des personnes qui s’approchaient d’elles de manière menaçante pendant la distribution. Ces récits contradictoires mettent en évidence les conditions de plus en plus dangereuses entourant les opérations humanitaires dans l’enclave.
“Cette situation catastrophique démontre comment les mécanismes de distribution d’aide à Gaza se sont complètement effondrés,” a déclaré Cindy McCain, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial. “Nous ne pouvons pas livrer efficacement de l’assistance dans de telles conditions sans risquer davantage de vies civiles.”
La suspension affecte une zone où les Nations Unies ont averti à plusieurs reprises d’une famine imminente. Des évaluations récentes indiquent que près de 80% des 2,3 millions d’habitants de Gaza dépendent maintenant entièrement de l’aide humanitaire, avec des taux de malnutrition aiguë qui augmentent rapidement chez les enfants de moins de cinq ans.
La communauté internationale a répondu par des appels urgents à la responsabilisation et au rétablissement des voies d’aide. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié la situation de “totalement inacceptable” et a exigé une enquête indépendante sur les décès. Pendant ce temps, les organisations humanitaires signalent que les stocks alimentaires existants à Gaza pourraient être épuisés en quelques jours si les livraisons ne reprennent pas.
La Jordanie et l’Égypte ont annoncé des plans pour effectuer des largages aériens d’urgence de nourriture et de fournitures médicales, bien que les experts se demandent si de telles méthodes peuvent répondre adéquatement à l’ampleur des besoins. Les largages aériens précédents ont entraîné une distribution limitée et ont parfois causé des blessures lorsque les colis atterrissaient dans des zones peuplées.
Pour les résidents comme Mahmoud Alwan, père de quatre enfants dans le nord de Gaza interviewé par téléphone satellite, la suspension de l’aide représente un autre défi menaçant pour la vie. “Nous partageons déjà un repas par jour entre nous tous,” a-t-il dit. “Sans ces livraisons, je ne sais pas comment nous survivrons une autre semaine.”
L’incident souligne la détérioration de la coordination entre les autorités israéliennes et les agences humanitaires, avec des accusations des deux côtés concernant des dispositions de sécurité et des protocoles de livraison inadéquats. Des experts en droit international ont de plus en plus caractérisé la restriction de l’accès humanitaire comme une violation potentielle du droit humanitaire international.
Alors que les efforts diplomatiques s’intensifient pour rétablir les canaux d’aide, la question fondamentale demeure: la communauté internationale peut-elle établir des corridors humanitaires véritablement sécurisés dans une zone de conflit active, ou la population civile de Gaza continuera-t-elle à subir les conséquences mortelles de cette rupture dans la distribution de l’aide?