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Dans une décision sans précédent reflétant la situation volatile au Moyen-Orient, les autorités canadiennes ont suspendu toutes les mesures de renvoi et d’expulsion vers Israël en raison de l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran. Cette décision, confirmée mardi par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), marque un changement important dans l’approche canadienne en matière d’application des lois d’immigration alors que la région est au bord d’un conflit plus large.
“Le report administratif des renvois (RAR) pour Israël a été déclenché en raison de la situation sécuritaire actuelle dans la région,” a déclaré un porte-parole de l’ASFC à CO24 News. “Cette mesure temporaire restera en vigueur jusqu’à ce que les conditions se stabilisent et que la sécurité des personnes renvoyées puisse être raisonnablement assurée.”
Cette suspension intervient suite à l’attaque de missiles iranienne contre Israël plus tôt ce mois-ci, au cours de laquelle plus de 300 projectiles ont été lancés vers le territoire israélien. Cette offensive, d’une ampleur sans précédent, représente la première confrontation militaire directe entre les deux puissances régionales après des décennies de guerre par procuration et de rhétorique intensifiée.
Les experts en immigration notent que les RAR sont généralement mis en œuvre lorsque des circonstances extraordinaires rendent les expulsions potentiellement dangereuses ou inhumaines. Dr. Elaine Wong, professeure de migration internationale à l’Université de Toronto, a expliqué à CO24: “Ces reports servent de protection humanitaire lorsque les zones de conflit deviennent trop volatiles. Le gouvernement reconnaît essentiellement que renvoyer des individus dans de tels environnements pourrait les mettre en danger immédiat.”
Le report ne s’applique pas aux personnes jugées inadmissibles au Canada pour des raisons de sécurité, de violations des droits humains, de crime organisé, ou à celles qui représentent un danger pour le public. Ces exceptions soulignent l’engagement du Canada envers les considérations humanitaires tout en préservant les intérêts de sécurité nationale.
Ce n’est pas la première fois que le Canada met en œuvre de telles mesures. Des reports similaires ont été instaurés pour des pays connaissant de graves troubles civils, des catastrophes naturelles ou des conflits armés. En 2022, les renvois vers l’Ukraine ont été suspendus suite à l’invasion russe, tandis que des mesures similaires ont précédemment concerné l’Afghanistan, la Syrie et certaines régions de la Somalie.
Cette décision coïncide avec l’intensification des efforts diplomatiques des responsables canadiens pour promouvoir la désescalade au Moyen-Orient. La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a participé à des discussions multilatérales visant à prévenir une nouvelle escalade entre Israël et l’Iran, soulignant la position du Canada selon laquelle “une guerre régionale plus large ne profite à personne.”
Pour les quelque 240 000 Canadiens qui s’identifient comme juifs et les 210 000 d’origine iranienne, cette pause représente plus qu’une simple politique administrative—elle reflète les liens profonds que de nombreux Canadiens entretiennent avec la région et leurs préoccupations concernant leurs proches pris dans les feux croisés.
Les avocats en immigration à travers le pays ont signalé une augmentation des demandes de renseignements de la part de personnes ayant des ordres d’expulsion en attente vers Israël, cherchant des clarifications sur leur statut dans le cadre de cette nouvelle directive. Liam Goldstein, un avocat en immigration à Montréal, a déclaré à CO24: “Beaucoup de mes clients ont exprimé un soulagement immédiat en apprenant la nouvelle. L’incertitude entourant le conflit avait créé une anxiété importante concernant un retour potentiel dans une situation de plus en plus dangereuse.”
L’ASFC n’a pas fourni de calendrier précisant la durée de ce report, indiquant seulement que des évaluations régulières de la situation sécuritaire détermineront quand les opérations normales de renvoi pourront reprendre. L’agence a souligné que toutes les autres activités d’application des lois d’immigration se poursuivent sans être affectées par cette pause régionale spécifique.
Alors que les dirigeants mondiaux poursuivent des efforts diplomatiques urgents pour éviter une nouvelle escalade, les Canadiens se demandent: dans une région où le conflit persiste depuis des générations, cette dernière confrontation entre Israël et l’Iran peut-elle être contenue, ou sommes-nous témoins des premières étapes d’une guerre régionale beaucoup plus vaste et potentiellement catastrophique?