Le Syndicat des infirmières de la Colombie-Britannique a pris position pour soutenir un médecin urgentiste qui a déposé une poursuite contre la Régie de santé Fraser la semaine dernière, mettant en lumière ce que de nombreux professionnels de la santé décrivent comme un “point de rupture” dans le système de santé de la province.
Le Dr Sean Patrick, spécialiste en médecine d’urgence avec plus de 15 ans d’expérience, allègue dans sa poursuite que la Régie de santé Fraser a systématiquement ignoré ses avertissements concernant les niveaux dangereux de sous-effectif à l’Hôpital Memorial de Surrey, conduisant finalement à ce qu’il appelle des “décès évitables de patients” et à la détérioration de sa propre santé mentale.
“Lorsque des professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme concernant la sécurité des patients, ces préoccupations méritent une attention immédiate,” a déclaré Aman Grewal, présidente du Syndicat des infirmières de la C.-B., dans une entrevue exclusive avec CO24. “Nos infirmières documentent des problèmes systémiques similaires depuis des années. Cette poursuite met en lumière ce que vivent quotidiennement les travailleurs de première ligne.”
La poursuite, déposée à la Cour suprême de la C.-B., affirme que le Dr Patrick a formulé plus de 30 plaintes formelles concernant des pénuries critiques de personnel entre 2022 et 2025. Selon les documents judiciaires, le service des urgences de l’hôpital fonctionnait à environ 65% des niveaux de personnel recommandés pendant les heures de pointe, alors que le volume de patients augmentait de près de 40% durant la même période.
La Régie de santé Fraser a publié une brève déclaration indiquant qu’elle “examine les allégations”, mais ne peut commenter les affaires devant les tribunaux. Cependant, des documents internes obtenus par CO24 News révèlent que la haute administration était consciente des préoccupations en matière de personnel dès janvier 2023, lorsqu’une évaluation interne a signalé une “vulnérabilité critique” dans les services d’urgence.
Le soutien du BCNU (Syndicat des infirmières de la C.-B.) ajoute un poids significatif à la poursuite, car le syndicat représente plus de 48 000 infirmières à travers la province. Leur intervention survient à un moment où l’épuisement professionnel des travailleurs de la santé a atteint des niveaux sans précédent, avec une récente enquête montrant que 68% des infirmières de la C.-B. signalent des symptômes de stress professionnel sévère et 41% envisagent activement de quitter la profession.
“Il ne s’agit pas seulement d’un médecin ou d’un hôpital,” a expliqué l’analyste en politique de santé Dr Maya Wilson de l’Université de la Colombie-Britannique. “Nous sommes témoins des conséquences d’années de sous-financement et de mauvaise allocation des ressources dans l’ensemble du système de santé canadien.”
Pour des patients comme Sarah Lau, résidente de Vancouver qui a attendu 11 heures aux urgences de l’Hôpital Memorial de Surrey avec son père âgé avant de recevoir des soins le mois dernier, la poursuite valide son expérience. “Les infirmières et les médecins étaient clairement surchargés, courant entre trop de patients. On pouvait voir l’épuisement sur leurs visages.”
Le ministère de la Santé a promis une “révision complète” des ressources des services d’urgence dans toute la province, mais les critiques se demandent si cela se traduira par des actions concrètes. Le BCNU réclame des augmentations immédiates de financement, des ratios minimums obligatoires de personnel et un soutien accru en santé mentale pour les travailleurs de la santé.
Alors que cette bataille juridique se déroule, elle soulève des questions cruciales sur la responsabilité dans notre système de santé. Quand des professionnels de première ligne avertissent de conditions dangereuses, qui porte la responsabilité lorsque ces avertissements restent lettre morte? Et que faudra-t-il pour une réforme significative qui protège à la fois les patients et les travailleurs de la santé qui les servent?