Alors que les studios hollywoodiens envisagent de potentiels déplacements de production face à l’escalade des tensions tarifaires, Cameron Bailey, PDG du Festival international du film de Toronto, tire la sonnette d’alarme sur ce qui pourrait devenir un coup dévastateur pour l’industrie cinématographique canadienne de 12,8 milliards de dollars. Cet avertissement survient alors que les studios américains contemplent la relocalisation des productions suite aux menaces de nouveaux tarifs qui pourraient fondamentalement modifier des décennies de collaboration transfrontalière.
“Quand on parle de ‘Hollywood Nord’, ce n’est pas juste un surnom accrocheur—on décrit un écosystème complexe qui emploie des milliers de Canadiens et génère des milliards en activité économique,” a déclaré Bailey lors d’une table ronde industrielle à Toronto hier. “La relation entre nos pays dans la production cinématographique n’est pas parasitaire; elle est symbiotique.”
La controverse a éclaté le mois dernier lorsque le Département du Commerce américain a signalé qu’il pourrait imposer un tarif de 25% sur les productions cinématographiques canadiennes dans le cadre de négociations commerciales plus larges. Cette mesure potentielle a envoyé des ondes de choc à travers l’industrie du divertissement canadienne, qui s’est positionnée comme un centre de production essentiel avec des incitatifs fiscaux compétitifs, des lieux de tournage diversifiés et des talents de classe mondiale.
Selon les chiffres de l’Association canadienne des producteurs médiatiques, le secteur emploie actuellement plus de 180 000 postes équivalents temps plein. Toronto, Vancouver et Montréal se sont établies comme des puissances de production, accueillant des projets majeurs allant des films de superhéros à succès aux séries acclamées en streaming.
“Ce qui est négligé dans cette conversation, c’est que l’apport créatif canadien ne se limite pas à fournir des allègements fiscaux et des décors pittoresques,” a souligné Bailey. “Nos réalisateurs, scénaristes, acteurs et équipes ont contribué substantiellement au langage cinématographique mondial.”
Les analystes de l’industrie notent que plusieurs facteurs au-delà de la simple économie ont rendu le Canada attrayant pour les productions américaines. La proximité géographique, les fuseaux horaires similaires, l’infrastructure compatible et la compréhension culturelle partagée ont créé des synergies naturelles qui seraient difficiles à reproduire ailleurs.
Paul Anderson, économiste en chef chez RBC Marchés des Capitaux, a déclaré à CO24 que les implications s’étendent au-delà de l’industrie cinématographique immédiate. “Lorsque nous évaluons les retombées potentielles, nous devons considérer les effets d’entraînement sur l’hôtellerie, la construction, le transport et de nombreuses industries de services qui soutiennent la production cinématographique,” a-t-il dit. “L’effet multiplicateur des dépenses cinématographiques dans les économies locales est considérable.”
Le moment de ce différend est particulièrement préoccupant alors que l’industrie poursuit sa reprise post-pandémique. Plusieurs productions majeures s’étaient déjà engagées à tourner au Canada pour 2025-2026, avec des dépenses directes projetées dépassant 3 milliards de dollars. Ces plans sont maintenant en équilibre incertain tandis que les dirigeants attendent des clarifications sur la situation tarifaire.
La défense par Bailey du rôle du Canada arrive à un moment critique pour les modèles d’affaires du divertissement mondial. Les plateformes de streaming ont considérablement augmenté leurs budgets