Le différend de longue date sur le bois d’œuvre résineux entre le Canada et les États-Unis s’est encore intensifié. Les douaniers américains ont reçu cette semaine l’ordre de commencer à percevoir des droits nettement plus élevés sur les importations de bois d’œuvre canadien, les droits atteignant désormais une moyenne de 14,54%, contre 8,05% auparavant.
Cette décision finale du département américain du Commerce représente une forte augmentation qui affectera directement l’industrie canadienne d’exportation de bois d’œuvre, évaluée à 9,3 milliards de dollars. Cette décision survient malgré l’opposition continue du Canada à ce qu’il considère comme des droits “injustes et injustifiés”.
“Cette augmentation de près de 80% des taux tarifaires frappe les producteurs canadiens à un moment particulièrement vulnérable,” a déclaré l’analyste industriel Marcus Thompson, qui suit les marchés nord-américains du bois d’œuvre. “Avec les mises en chantier déjà sous pression en raison des taux d’intérêt élevés, ces coûts supplémentaires créent une tempête parfaite pour les scieries canadiennes.”
Le différend porte sur l’allégation américaine selon laquelle le Canada subventionne injustement son industrie du bois d’œuvre par le biais des systèmes provinciaux de droits de coupe, où les entreprises paient des frais pour récolter du bois sur les terres publiques. Les producteurs américains soutiennent depuis longtemps que cela constitue un avantage commercial déloyal.
La ministre canadienne du Commerce, Mary Ng, a réagi avec force à cette annonce, déclarant que le Canada “utiliserait toutes les voies” pour combattre cette décision, y compris d’éventuelles contestations via les mécanismes de l’ALENA et de l’Organisation mondiale du commerce. C’est la cinquième fois depuis 1982 que le Canada fait face à des droits américains sur le bois d’œuvre résineux.
Les données des rapports de l’industrie montrent que l’impact sera particulièrement sévère en Colombie-Britannique, qui représente environ 50% des exportations canadiennes de bois d’œuvre résineux vers les États-Unis. Les exploitants de scieries petites et moyennes risquent des licenciements si les droits plus élevés restent en place.
“Nous avons survécu aux précédentes séries de droits, mais cette augmentation arrive au moment où les marges sont déjà très minces,” a déclaré Jennifer Calhoun, directrice des opérations d’une scierie de taille moyenne dans le nord de la C.-B. “Chaque point de pourcentage d’augmentation signifie des pertes d’emplois potentielles dans des communautés où ces scieries sont des piliers économiques.”
Le moment aggrave les défis pour le secteur forestier canadien, qui a déjà traversé des perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie et les impacts des feux de forêt dans les provinces de l’Ouest. Pendant ce temps, les entreprises de construction américaines craignent que les tarifs ne fassent encore augmenter les coûts de construction, ralentissant potentiellement le développement du logement alors que les logements abordables restent rares.
Les projections économiques de CO24 Affaires indiquent que les droits pourraient coûter aux producteurs canadiens plus de 800 millions de dollars par an si les exportations restent aux niveaux actuels. L’annonce a déjà déclenché une volatilité sur les marchés à terme du bois d’œuvre.
Le différend met en lumière la relation commerciale complexe entre ces économies étroitement intégrées. Alors que l’accord commercial ACEUM régit la plupart des échanges entre le Canada et les États-Unis, le bois d’œuvre résineux fonctionne dans un cadre distinct qui a régulièrement mené à des frictions.
Alors que les responsables canadiens préparent leur réponse juridique, les exploitants de scieries à travers la Colombie-Britannique, le Québec et le Nouveau-Brunswick doivent maintenant intégrer ces coûts accrus dans leurs modèles d’affaires—les communautés dépendantes des emplois forestiers observant attentivement les effets d’entraînement potentiels sur les économies locales.
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