La nation retient son souffle alors que Statistique Canada s’apprête à publier demain matin les chiffres du chômage de juin 2025 — des données qui pourraient soit valider les récentes décisions politiques de la Banque du Canada, soit signaler des problèmes économiques plus profonds.
La hausse inattendue du taux de chômage à 7,2 % en mai a provoqué des secousses sur les marchés financiers et déclenché des échanges houleux au Parlement, les chefs de l’opposition remettant en question la gestion économique du gouvernement libéral. Le rapport de demain arrive à un moment particulièrement délicat, alors que l’inflation est restée obstinément au-dessus de la cible de 2 % de la Banque du Canada pendant trois trimestres consécutifs.
“Ces chiffres ne sont pas que des statistiques — ils représentent des familles canadiennes confrontées à de réelles pressions financières,” a déclaré Mona Fortier, ministre de la Prospérité de la classe moyenne, lors de la conférence de presse d’hier. “Notre gouvernement reste concentré sur la création d’opportunités d’emploi durables tout en gérant les pressions inflationnistes.”
Les économistes des principales institutions financières prévoient que le taux de juin restera stable entre 7,1 et 7,3 %, bien que plusieurs analystes de la Banque de Montréal aient mis en garde contre une potentielle volatilité dans les secteurs de la construction et de la fabrication, qui ont perdu un total de 28 000 emplois en mai.
Les implications politiques sont considérables. Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau fait face à des critiques croissantes du chef de l’opposition conservatrice Pierre Poilievre, qui a constamment qualifié la situation économique actuelle de “récession made-in-Canada” résultant de dépenses gouvernementales excessives.
“Nous constatons les conséquences d’une mauvaise gestion fiscale qui a commencé il y a des années,” a déclaré Poilievre aux journalistes sur la Colline du Parlement. “Les Canadiens méritent mieux qu’une inflation à deux chiffres sur les produits essentiels et des perspectives d’emploi qui s’amenuisent.”
La ministre des Finances Chrystia Freeland a rejeté cette caractérisation, soulignant que le taux de chômage du Canada reste inférieur aux niveaux historiques de récession et pointant les chiffres solides des exportations dans les secteurs technologique et agricole.
Les disparités régionales continuent de raconter différentes histoires économiques à travers le pays. L’Alberta et Terre-Neuve ont montré une résilience surprenante avec des taux de chômage inférieurs à la moyenne nationale, tandis que l’Ontario et le Québec, à forte concentration manufacturière, ont connu des pertes d’emplois plus importantes, particulièrement chez les travailleurs âgés de 25 à 54 ans.
“La répartition sectorielle sera cruciale dans le rapport de demain,” a noté Avery Williams, économiste en chef chez RBC Marchés des Capitaux. “Si nous voyons les pertes d’emplois s’étendre au-delà de la fabrication et de la construction vers les services et la technologie, cela signalerait un ralentissement économique plus systémique.”
La Banque du Canada, qui maintient son taux directeur à 4,25 % depuis mars, surveillera ces chiffres de près. Le gouverneur Tiff Macklem a indiqué que les conditions du marché du travail restent une considération primordiale dans les décisions de politique monétaire, ce qui alimente les spéculations qu’une autre hausse des taux pourrait être envisagée si le chômage se stabilise ou s’améliore.
Pour les Canadiens ordinaires, ces indicateurs économiques se traduisent par des défis concrets. Une récente enquête du Centre canadien de politiques alternatives a révélé que 64 % des répondants ont signalé des difficultés à couvrir leurs dépenses de base, contre 52 % il y a un an.
Le moment de la publication du rapport de demain coïncide avec les négociations en cours entre le gouvernement fédéral et les provinces concernant un financement supplémentaire pour les programmes de développement des compétences destinés à résoudre le chômage structurel dans les régions en transition vers de nouvelles industries.
Alors que les marchés se préparent à l’annonce de demain, la question fondamentale demeure : le Canada connaît-il un ajustement économique temporaire ou fait-il face aux premières étapes d’un ralentissement plus prolongé qui pourrait remodeler le paysage politique et économique du pays pour les années à venir?