Les couloirs de l’hôtel de ville de Toronto ont résonné d’une action décisive hier, alors que les conseillers municipaux ont voté massivement en faveur de la mise en œuvre d’un système de notation par code couleur pour les immeubles d’appartements de la ville — une décision historique qui transformera la façon dont les locataires évaluent leurs futurs logements et comment les propriétaires entretiennent leurs propriétés.
Par un vote écrasant de 22 contre 2, les membres du conseil ont approuvé l’implémentation d’un système inspiré de DineSafe qui attribuera des notes claires aux immeubles comptant 10 unités ou plus, ou trois étages et plus. Les notations — allant du vert pour les immeubles conformes, au jaune pour les réussites conditionnelles, jusqu’au rouge pour ceux qui ne respectent pas les normes — seront affichées de manière visible dans les halls d’entrée, offrant une transparence immédiate aux locataires actuels et potentiels.
“Il s’agit de donner aux locataires les informations qu’ils méritent,” a déclaré à CO24 News le conseiller Josh Matlow, l’instigateur de cette initiative. “Depuis trop longtemps, les locataires ont été forcés de prendre des décisions de logement qui changent leur vie sans connaître les véritables conditions des immeubles qu’ils envisagent. Aujourd’hui, nous changeons cette dynamique de pouvoir.”
Le système va au-delà des simples repères visuels. Les immeubles recevront des scores entre 0 et 100, avec des rapports d’inspection détaillés disponibles via une base de données consultable en ligne. Ces rapports documenteront tout, des infestations de nuisibles au fonctionnement des ascenseurs, fournissant des aperçus complets des conditions des bâtiments.
Mark Richardson, responsable technique de HousingNowTO.com, a salué cette décision lors d’un entretien avec CO24. “Cela représente un changement fondamental en matière de responsabilité. Quand les locataires potentiels peuvent voir exactement comment un immeuble se comporte en matière de santé et de sécurité, les propriétaires seront incités à résoudre les problèmes rapidement plutôt que de les laisser persister.”
La Fédération des associations de locataires du métro a également salué cette initiative, la qualifiant de “étape cruciale vers l’autonomisation des locataires” dans le marché locatif difficile de Toronto. Avec des taux d’inoccupation autour de 1,5% selon les dernières données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, les locataires se sentent souvent obligés d’accepter des conditions médiocres en raison des options limitées.
La mise en œuvre ne se fera pas du jour au lendemain. Le personnel municipal développera le programme dans les mois à venir, avec un déploiement progressif prévu pour débuter en 2025. Le système se concentrera initialement sur les immeubles locatifs plus anciens avant de potentiellement s’étendre aux condominiums et autres habitations multifamiliales.
Les implications financières restent modestes, avec des coûts de programme estimés à 1,1 million de dollars par an — des fonds qui soutiendront les évaluations des bâtiments et le maintien de la base de données publique. Cet investissement représente moins de 0,01% du budget de fonctionnement annuel de Toronto, un petit prix pour ce que les défenseurs décrivent comme une initiative de transparence transformative.
Comme prévu, certaines organisations de gestion immobilière ont exprimé des réserves. L’Association des appartements du Grand Toronto a fait part de préoccupations concernant une possible “stigmatisation injuste” des immeubles et s’est demandé si le système tient adéquatement compte des efforts d’amélioration en cours.
Le conseiller Stephen Holyday, l’un des deux votes dissidents, a fait écho à ces sentiments lors des délibérations du conseil. “Nous avons déjà une application robuste des normes de propriété. Je crains que ce système simplifie à l’excès les réalités complexes de la gestion immobilière et pourrait involontairement réduire l’offre de logements si des immeubles sont injustement étiquetés.”
Cependant, les défenseurs des locataires soulignent le programme existant RentSafeTO de la ville, qui a documenté des problèmes persistants dans de nombreux immeubles malgré les mécanismes d’application actuels. Ils soutiennent que le nouveau système de notation rend simplement les informations déjà recueillies plus accessibles et compréhensibles pour le public.
Alors que Toronto continue de lutter contre sa crise du logement et son parc locatif vieillissant, cette initiative représente un changement significatif vers la transparence sur le marché locatif. La question est maintenant de savoir si cette nouvelle responsabilisation améliorera significativement les conditions de vie pour près de la moitié des résidents de Toronto qui louent leur logement, ou si elle ne fera que mettre en évidence des problèmes sans s’attaquer à leurs causes sous-jacentes.