Dans une évolution révolutionnaire pour les soins de santé canadiens, le Nouveau-Brunswick est devenue la première province à offrir des traitements contre le cancer à domicile, transformant ainsi l’expérience des patients pendant ce qui est souvent la période la plus difficile de leur vie. Ce programme novateur permet aux patients admissibles de recevoir des traitements de chimiothérapie et d’immunothérapie dans le confort de leur foyer, révolutionnant potentiellement les soins contre le cancer à travers le pays.
“Il s’agit de mettre les patients au premier plan et de reconnaître que la guérison se fait mieux dans un environnement familier,” explique Dre Melissa Sutherland, oncologue et directrice de programme au Réseau de santé Horizon. “Pour de nombreux patients, l’environnement hospitalier ajoute une couche supplémentaire de stress à un parcours déjà difficile.”
L’initiative, qui a débuté comme programme pilote il y a six mois, a déjà servi plus de 200 patients à travers la province. Les premières données suggèrent des améliorations remarquables dans les taux de satisfaction des patients, avec 94% des participants déclarant préférer le modèle à domicile aux traitements traditionnels en milieu hospitalier.
En coulisses, le programme s’appuie sur des infirmières en oncologie spécialement formées qui se rendent au domicile des patients, équipées des médicaments nécessaires et du matériel de surveillance. Chaque traitement suit les mêmes protocoles rigoureux utilisés en milieu hospitalier, avec des systèmes de soutien d’urgence en place en cas de complications.
Pour Thomas Boudreau, 67 ans, résidant de Fredericton, qui a reçu un diagnostic de cancer colorectal l’année dernière, le programme a été transformateur. “J’ai passé mes trois premiers mois de traitement à aller à l’hôpital chaque semaine. La différence avec le traitement à domicile est comme le jour et la nuit,” explique Boudreau. “Je peux m’asseoir dans mon fauteuil préféré, regarder mon jardin et avoir ma femme à mes côtés. Cela rend toute l’expérience moins médicale et plus humaine.”
Les avantages économiques sont tout aussi convaincants. Les économistes de la santé estiment que le programme pourrait réduire les coûts de traitement d’environ 15% par patient tout en libérant de précieuses ressources hospitalières. Les économies proviennent principalement de la réduction des frais généraux et de la diminution des taux d’infections nosocomiales, une préoccupation particulière pour les patients immunodéprimés atteints de cancer.
Les responsables de la santé canadienne des autres provinces prennent note. Des représentants de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta ont déjà visité le Nouveau-Brunswick pour observer le programme en action, plusieurs provinces indiquant leur intention de lancer des initiatives similaires dans les 18 prochains mois.
“Nous assistons au début d’un changement significatif dans la prestation des soins contre le cancer,” note la Dre Elizabeth Chen, analyste des politiques de santé à l’Université de Toronto. “La pandémie nous a forcés à repenser de nombreux aspects de la prestation des soins de santé, et ce programme démontre comment l’innovation peut émerger de la crise.”
Tous les patients ne sont pas admissibles à l’option de traitement à domicile. Les critères d’admissibilité comprennent un état de santé stable, un environnement domestique approprié et des types spécifiques de thérapies contre le cancer. Environ 40% des patients actuels en chimiothérapie et en immunothérapie au Nouveau-Brunswick répondent à ces critères, selon les autorités sanitaires provinciales.
Le succès du programme n’est pas venu sans défis. Les problèmes de connectivité en milieu rural ont compliqué les systèmes de surveillance électronique dans certaines régions, et les syndicats de travailleurs de la santé ont soulevé des questions concernant les protocoles de sécurité pour les infirmières se rendant dans des endroits éloignés. Les administrateurs du programme reconnaissent ces préoccupations et évoquent des ajustements continus pour y répondre.
“Ce qui rend cette initiative remarquable, c’est la façon dont elle redéfinit la relation patient-prestataire,” affirme Maria Thompson, défenseure des patients et survivante du cancer. “Lorsque les prestataires de soins entrent dans le domicile d’un patient, la dynamique de pouvoir change. Les patients déclarent se sentir plus à l’aise pour poser des questions et exprimer leurs préoccupations dans leur propre espace.”
Alors que les systèmes de santé à travers le Canada continuent de faire face à des problèmes de capacité et de pénurie de personnel, le modèle du Nouveau-Brunswick offre une alternative prometteuse qui privilégie l’expérience du patient tout en réduisant potentiellement les pressions systémiques. La question qui se pose maintenant aux décideurs politiques n’est pas de savoir si le traitement du cancer à domicile s’étendra à d’autres provinces, mais à quelle vitesse cette transition peut se faire sans compromettre la qualité ou la sécurité.