Dans un jugement important qui souligne les défis persistants d’accessibilité dans le système de santé canadien, le Tribunal des droits de la personne de l’Alberta s’est rangé du côté d’une femme handicapée à qui on avait refusé un service d’échographie dans une clinique médicale de Calgary. La décision, annoncée hier, marque un moment crucial pour les défenseurs des droits des personnes handicapées qui luttent depuis longtemps pour un accès équitable aux soins de santé dans toute la province.
Emily Richardson, une résidente de Calgary de 34 ans souffrant de problèmes de mobilité nécessitant l’utilisation d’un fauteuil roulant, a été refoulée du Centre d’imagerie médicale Riverside en 2023 lorsque le personnel a affirmé qu’ils ne pouvaient pas la transférer en toute sécurité de son fauteuil roulant à la table d’examen pour une échographie de routine.
“On m’a fait sentir que mon handicap était un inconvénient plutôt qu’une condition méritant des accommodements,” a confié Richardson à CO24 lors d’une entrevue exclusive. “La clinique m’a essentiellement dit que mes besoins en matière de santé étaient moins importants parce que les satisfaire exigeait un effort supplémentaire.”
Le tribunal a déterminé que la clinique n’a pas rempli son obligation d’accommoder Richardson jusqu’au point de contrainte excessive, une exigence légale en vertu de la législation albertaine sur les droits de la personne. Selon la décision de 20 pages, la clinique n’a fait aucune tentative significative pour explorer des options d’accommodement avant de refuser le service.
Dre Sarah Mahoney, experte en accessibilité des soins de santé à l’Université de l’Alberta, a expliqué que cette décision reflète des problèmes systémiques plus larges. “Les établissements médicaux à travers le Canada continuent de fonctionner avec des infrastructures physiques et des protocoles conçus principalement pour les patients sans handicap,” a-t-elle déclaré. “Cela crée des obstacles substantiels pour environ 22 % des Canadiens vivant avec un handicap.”
Le tribunal a ordonné au centre d’imagerie de verser à Richardson 12 500 $ en dommages-intérêts pour atteinte à la dignité et d’élaborer des politiques complètes d’accessibilité. De plus, le personnel doit suivre une formation obligatoire sur l’accommodement des personnes handicapées dans les 90 jours.
Droits des personnes handicapées Alberta, qui a soutenu la plainte de Richardson, a qualifié la décision de “moment décisif pour l’accessibilité des soins de santé” dans la province. “Cette décision envoie un message clair que les services médicaux ne peuvent pas simplement choisir de ne pas fournir de soins aux personnes handicapées,” a déclaré le directeur exécutif Michael Chen.
L’affaire a attiré l’attention des leaders politiques de tous les partis. Le ministre de la Santé de l’Alberta a publié une déclaration reconnaissant la nécessité “d’améliorations à l’échelle du système” pour garantir que les établissements médicaux respectent les normes d’accessibilité.
Les établissements médicaux à travers le Canada varient considérablement dans leurs dispositions en matière d’accessibilité, les centres ruraux et les petits centres urbains étant souvent à la traîne par rapport aux grandes régions métropolitaines. Une enquête de 2023 menée par l’Institut canadien d’information sur la santé a révélé que près de 40 % des Canadiens handicapés ont signalé avoir rencontré des obstacles lors de l’accès aux services d’imagerie diagnostique.
Richardson espère que sa victoire provoquera un changement significatif. “Il ne s’agissait jamais seulement de moi,” a-t-elle dit. “Il s’agit de s’assurer que chaque Canadien, quelle que soit sa capacité physique, puisse accéder aux services de santé essentiels avec dignité.”
Alors que les établissements médicaux de l’Alberta revoient leurs protocoles d’accessibilité à la lumière de cette décision, une question plus large demeure : cette décision catalysera-t-elle enfin les changements systémiques nécessaires pour rendre les soins de santé canadiens véritablement accessibles à tous, ou les personnes handicapées continueront-elles à mener ces batailles une clinique à la fois?