La tranquillité estivale des quartiers d’affaires canadiens a été brisée hier lorsque le président Trump a annoncé une menace généralisée de tarif de 35 % sur toutes les importations canadiennes, provoquant des ondes de choc à travers les marchés nord-américains et les canaux diplomatiques. Cette annonce, délivrée lors d’une conférence de presse improvisée à sa résidence de Mar-a-Lago, marque une escalade dramatique dans ce que les analystes appellent “Guerre commerciale 2.0.”
“Le Canada profite de la générosité américaine depuis des décennies,” a déclaré Trump. “Leur aluminium, acier et sirop d’érable inondent nos marchés sans juste réciprocité. À partir du 1er septembre, chaque produit canadien fera face à un tarif de 35 % jusqu’à ce qu’ils négocient un accord qui place l’Amérique d’abord.”
Cette dernière salve survient quelques mois seulement après le retour de Trump au pouvoir et représente une intensification significative par rapport aux différends commerciaux de 2018-2019, lorsque les tarifs ont culminé à 25 % sur certains produits. La nature exhaustive de cette nouvelle menace a poussé les responsables canadiens à élaborer rapidement une réponse.
La première ministre Freeland a réagi en quelques heures, qualifiant la menace de “téméraire et contre-productive” lors d’un point de presse d’urgence à Ottawa. “Nos deux économies sont profondément intégrées, avec près de 2,6 milliards de dollars en biens et services traversant notre frontière quotidiennement. Ces tarifs proposés nuiraient autant aux Américains qu’aux Canadiens,” a-t-elle affirmé.
Les experts économiques prévoient des impacts significatifs dans plusieurs secteurs. La Banque Royale du Canada estime que la mise en œuvre de ces tarifs pourrait réduire le PIB canadien de 1,8 % au cours de la prochaine année, déclenchant potentiellement une récession. Les industries particulièrement vulnérables comprennent la fabrication automobile, l’énergie, l’agriculture et les produits forestiers.
“Ce n’est pas 2018 qui se répète,” explique Dr. Martha Chen, économiste en chef à la Banque Toronto-Dominion. “L’étendue et l’ampleur de ces tarifs proposés représentent une menace existentielle pour la chaîne d’approvisionnement nord-américaine intégrée développée depuis la mise en œuvre de l’ALENA en 1994. Les entreprises ayant des opérations transfrontalières révisent déjà leurs plans d’investissement.”
Les leaders d’entreprises à travers le Canada ont exhorté à des négociations immédiates de haut niveau. “Nous avons besoin d’une solution diplomatique avant que ces menaces ne se matérialisent en politique réelle,” a déclaré Jean-Marc Tournier, président de la Chambre de commerce du Canada. “Plus de 9 millions d’emplois américains dépendent directement du commerce avec le Canada. Ce n’est pas seulement notre problème.”
L’annonce a fait chuter le dollar canadien, perdant près de 3 % face au dollar américain dans la plus forte baisse quotidienne depuis la pandémie de COVID-19. Les marchés boursiers de Toronto, Montréal et Vancouver ont également connu de fortes ventes, l’indice composé TSX chutant de 4,2 %.
Les analystes politiques notent que le timing correspond à la stratégie électorale de mi-mandat de Trump. “Le président revient au nationalisme économique qui a galvanisé sa base lors des campagnes précédentes,” remarque Dr. Samantha Wilson, professeure de sciences politiques à l’Université McGill. “Le Canada constitue une cible facile car il ne dispose pas du levier économique de représailles de la Chine ou de l’Union européenne.”
Les responsables canadiens ont indiqué qu’ils préparent une réponse proportionnelle si les négociations échouent, incluant des contre-mesures ciblées sur les importations américaines et d’éventuelles contestations via les mécanismes de résolution des différends de l’ACEUM et l’Organisation mondiale du commerce.
Alors que les chefs d’entreprise, les consommateurs et les décideurs politiques se préparent à une potentielle perturbation économique, la question fondamentale demeure : cette approche agressive produira-t-elle une relation commerciale plus favorable, ou l’Amérique du Nord est-elle sur le point d’assister au démantèlement de l’un des partenariats économiques les plus réussis au monde?