Dans un remarquable revirement pour le marché immobilier canadien, les ventes de maisons en août 2024 ont grimpé à leur plus haut niveau depuis quatre ans, défiant les prédictions antérieures d’un ralentissement prolongé. Ce boom inattendu survient alors que les taux hypothécaires commencent leur descente graduelle et que la confiance des acheteurs se renforce dans les grands centres urbains, de Vancouver à Halifax.
L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a rapporté que les ventes nationales de maisons ont bondi de 12,3 % en août par rapport au même mois de l’année dernière, avec environ 58 000 propriétés résidentielles ayant changé de mains. Cela représente la performance d’août la plus forte depuis le marché pré-pandémique de 2020, lorsque des taux d’intérêt historiquement bas ont déclenché une frénésie d’achat à l’échelle nationale.
“Ce que nous observons est la libération d’une demande refoulée qui s’est accumulée depuis que la Banque du Canada a commencé son cycle agressif de hausse des taux”, explique Devin Matthews, économiste en chef chez Groupe Financier Dominion. “De nombreux acheteurs potentiels qui s’étaient mis en retrait reviennent maintenant sur le marché, craignant de manquer l’opportunité alors que les prix commencent à remonter.”
La hausse de l’activité a été particulièrement prononcée dans les marchés de taille moyenne comme London, Hamilton et Victoria, où les préoccupations d’abordabilité avaient précédemment freiné l’enthousiasme. Ces marchés secondaires voient maintenant le retour des guerres d’enchères pour les propriétés désirables, en particulier les maisons familiales avec espace extérieur – une préférence persistante qui a émergé pendant les confinements de la pandémie.
Les prix de référence ont réagi en conséquence, avec le prix moyen national d’une maison atteignant 732 400 $ en août, soit une augmentation de 5,8 % par rapport à l’année précédente. La région du Grand Toronto est en tête avec un gain de prix de 7,2 % sur douze mois, tandis que le marché de Vancouver a connu une appréciation plus modeste de 4,1 %.
Les récents changements de politique de la Banque du Canada ont joué un rôle déterminant dans la revitalisation du marché. Après avoir maintenu son taux directeur stable plus tôt cette année, la banque centrale a procédé à deux baisses de taux consécutives, ramenant le taux de référence à 4,25 % – toujours historiquement élevé, mais offrant un soulagement significatif aux emprunteurs.
“La qualification hypothécaire s’est légèrement assouplie, et nous voyons des taux fixes de cinq ans inférieurs à 5 % pour la première fois depuis près de deux ans”, note Samantha Chen, directrice des services hypothécaires chez Fiducie Nationale. “Pour de nombreux acheteurs, ce seuil psychologique fait toute la différence dans leur décision d’entrer sur le marché.”
Les données robustes sur les ventes ont incité les analystes à revoir à la hausse leurs prévisions immobilières pour le reste de 2024, bien que les préoccupations concernant l’abordabilité persistent. La hausse de l’activité se produit dans un contexte de crise persistante de l’offre de logements au Canada, la construction de nouveaux logements peinant à suivre la croissance démographique alimentée par une immigration record.
Le ministre fédéral du Logement, Marcus Thompson, a reconnu ce défi dans une récente déclaration : “Bien que l’augmentation de l’activité du marché soit encourageante pour les propriétaires actuels, nous restons concentrés sur la résolution du déséquilibre fondamental entre l’offre et la demande qui continue d’exercer une pression sur l’abordabilité pour les premiers acheteurs et les nouveaux arrivants au Canada.”
Les observateurs de l’industrie notent que l’inventaire des maisons disponibles reste près des niveaux historiquement bas dans de nombreux marchés, avec seulement 2,8 mois d’inventaire à l’échelle nationale – bien en dessous de la moyenne à long terme de 5 mois. Cette contrainte d’approvisionnement est susceptible de maintenir une pression à la hausse sur les prix malgré des taux d’intérêt plus élevés par rapport aux niveaux pré-pandémiques.
La résurgence de l’activité du marché a également mis en évidence les disparités régionales dans le paysage immobilier canadien. Alors que la Colombie-Britannique et l’Ontario mènent la reprise, les marchés de l’Alberta ont montré une résilience remarquable tout au long du cycle des taux d’intérêt, bénéficiant d’une croissance économique provinciale plus forte et d’une abordabilité relative.
À l’approche de l’automne – traditionnellement une deuxième saison de pointe pour l’immobilier – la question demeure : cette dynamique peut-elle être maintenue, ou assistons-nous à une hausse temporaire avant que les contraintes d’abordabilité ne freinent à nouveau l’enthousiasme des acheteurs sur le marché immobilier canadien, notoirement coûteux?