Dans un moment décisif pour la trajectoire économique du Québec, le premier ministre François Legault a présenté le plan ambitieux de son gouvernement pour la croissance provinciale face aux vents économiques mondiaux contraires. S’exprimant devant une assemblée législative comble à Québec mardi, Legault a esquissé une stratégie globale centrée sur l’innovation, la résilience manufacturière et le développement des ressources naturelles, conçue pour positionner le Québec comme une puissance économique nord-américaine.
“L’avenir du Québec dépend de notre capacité à accroître notre richesse,” a déclaré Legault, soulignant que la prospérité économique demeure le pilier fondamental soutenant les services sociaux, les soins de santé et les initiatives éducatives à travers la province. “Sans une économie forte, nous ne pouvons pas financer les services que les Québécois méritent.”
La vision du premier ministre arrive à un moment critique alors que les marchés internationaux sont aux prises avec une inflation persistante, des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et des tensions géopolitiques qui remodèlent les modèles commerciaux mondiaux. Legault a reconnu ces défis tout en les présentant comme des occasions pour le Québec d’affirmer une plus grande souveraineté économique.
Au cœur du plan se trouve un accent renouvelé sur l’excellence manufacturière, avec une emphase particulière sur les secteurs où le Québec démontre déjà des avantages concurrentiels. La stratégie prévoit des investissements substantiels dans l’aérospatiale, la production de batteries pour véhicules électriques et l’extraction de minéraux critiques – des industries que le gouvernement identifie comme ayant un potentiel transformateur pour l’économie provinciale.
“Notre abondance d’énergie hydroélectrique propre nous donne un avantage concurrentiel significatif pour attirer des entreprises axées sur la durabilité,” a noté Legault, faisant référence aux récents investissements majeurs de fabricants de batteries et d’entreprises technologiques recherchant des environnements de production neutres en carbone.
La feuille de route économique aborde également les défis de productivité du Québec, qui ont historiquement accusé un retard par rapport aux autres provinces canadiennes. L’analyse gouvernementale indique que les travailleurs québécois produisent environ 18 pour cent moins de rendement économique par heure que leurs homologues ontariens – un écart que Legault a qualifié d'”insoutenable.”
Pour combler cette disparité, le plan introduit des incitatifs fiscaux améliorés pour l’automatisation des entreprises, des programmes élargis de formation des travailleurs et des processus réglementaires simplifiés visant à accélérer l’adoption de l’innovation. Ces mesures, selon les projections du ministère des Finances, pourraient potentiellement réduire de moitié l’écart de productivité d’ici huit ans.
Les experts économiques ont offert des réactions mitigées à la vision de Legault. “Le premier ministre identifie correctement les défis économiques structurels du Québec,” a noté la Dre Marie Bouchard, professeure d’économie à l’Université de Montréal. “Cependant, la mise en œuvre d’un programme aussi ambitieux nécessite de s’attaquer à des problèmes fondamentaux comme les pénuries de main-d’œuvre et le déclin démographique qui demeurent insuffisamment abordés.”
Les partis d’opposition ont rapidement critiqué le plan comme manquant d’audace. Le critique économique libéral Frédéric Beauchemin l’a caractérisé comme “des idées recyclées présentées comme de l’innovation,” tandis que le co-porte-parole de Québec Solidaire Gabriel Nadeau-Dubois s’est demandé si les bénéfices atteindraient les citoyens ordinaires.
“Nous avons déjà entendu de grandes visions économiques,” a remarqué Nadeau-Dubois. “La question n’est pas de savoir si le Québec peut générer plus de richesse, mais si cette richesse sera distribuée équitablement ou concentrée parmi les intérêts corporatifs.”
Au-delà des préoccupations intérieures, la stratégie de Legault reconnaît le paysage changeant des relations commerciales internationales. Avec les marchés traditionnels devenant de plus en plus incertains, le plan met l’accent sur le développement de partenariats économiques plus solides en Amérique du Nord tout en diversifiant prudemment les destinations d’exportation.
Le plan arrive alors que l’économie du Québec montre des signaux mitigés. Bien que le chômage reste à des niveaux historiquement bas, la croissance économique a considérablement ralenti, les prévisions projetant seulement 1,1 pour cent d’expansion pour 2024 – considérablement en dessous de la moyenne nationale.
Les groupes d’affaires ont largement accueilli favorablement l’initiative. “Cette vision s’aligne avec ce que la communauté d’affaires préconise,” a déclaré Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. “L’accent mis sur la productivité et l’innovation s’attaque aux défis fondamentaux auxquels notre économie est confrontée.”
Alors que l’incertitude économique mondiale continue de monter, le recalibrage économique audacieux du Québec représente à la fois une opportunité et un risque. Le succès de la vision de Legault dépendra ultimement de la capacité de son gouvernement à traduire une rhétorique ambitieuse en résultats économiques tangibles qui profitent aux Québécois dans tous les secteurs de la société.