Le vote sur le contrat syndical de Postes Canada sous pression d’Ottawa

Olivia Carter
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Dans un conflit de travail qui menace de perturber le service postal à travers le pays, Postes Canada a formellement demandé l’intervention fédérale pour forcer ses syndicats à voter sur ce que la société d’État appelle ses “offres finales”. Cette démarche inhabituelle survient après des semaines de négociations de plus en plus tendues qui laissent les Canadiens se demander si leur courrier et colis des fêtes seront livrés à temps.

Le ministre du Travail Randy Boissonnault fait face à une pression croissante pour intervenir dans cette confrontation à enjeux élevés entre l’une des plus anciennes institutions publiques du Canada et environ 55 000 travailleurs postaux représentés par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). La demande de Postes Canada représente une escalade significative dans un conflit qui a des implications pour des millions de Canadiens qui dépendent des services postaux.

“Nous avons atteint une impasse qui nécessite une action directe,” a déclaré Doug Ettinger, président-directeur général de Postes Canada, dans un communiqué publié jeudi. “Nos offres finales sont équitables, compétitives et répondent aux préoccupations fondamentales soulevées par nos employés tout en assurant la viabilité financière d’un service essentiel.”

Le différend porte sur plusieurs questions litigieuses, notamment les salaires, la sécurité d’emploi et les conditions de travail. Les représentants du STTP soutiennent que les offres de Postes Canada ne répondent pas aux préoccupations cruciales concernant les protocoles de santé et de sécurité, particulièrement suite aux changements liés à la pandémie affectant le volume de courrier et les pratiques de livraison.

“Ce que Postes Canada tente de faire est un contournement du processus de négociation collective,” a déclaré Jan Simpson, présidente nationale du STTP. “Forcer un vote alors que des négociations significatives sont encore possibles mine les principes fondamentaux des relations de travail dans ce pays.”

Des experts juridiques notent que, bien que le ministre ait l’autorité d’ordonner un tel vote en vertu du Code canadien du travail, de telles interventions sont relativement rares et généralement réservées aux conflits qui menacent de causer un préjudice économique substantiel ou qui soulèvent des préoccupations d’intérêt public.

“Le gouvernement doit soigneusement évaluer si cette situation atteint le seuil justifiant une intervention,” a déclaré Dr. Maurice Mazerolle, professeur associé à l’École de gestion Ted Rogers de l’Université métropolitaine de Toronto. “Forcer un vote pourrait soit briser l’impasse, soit renforcer davantage les positions, selon la réaction des travailleurs.”

Le moment est particulièrement délicat alors que les détaillants et les entreprises de livraison entrent dans leur saison la plus achalandée. Un arrêt de travail à Postes Canada aurait un impact significatif sur les petites entreprises qui dépendent d’options d’expédition abordables, particulièrement dans les régions rurales du Canada où les services de livraison alternatifs sont limités ou inexistants.

Des analystes financiers estiment qu’une perturbation prolongée des services pourrait coûter des millions par jour à l’économie canadienne, avec des impacts particulièrement graves sur les entreprises de commerce électronique qui sont devenues de plus en plus vitales pour l’économie nationale.

Le dernier arrêt de travail majeur à Postes Canada s’est produit en 2018 lorsque des grèves tournantes ont entraîné un retard dans la livraison des colis et du courrier qui a pris des mois à se résorber. Le précédent gouvernement conservateur avait légiféré le retour au travail des employés des postes en 2011, une mesure qui a plus tard été déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême.

Le bureau du ministre Boissonnault a accusé réception de la demande de Postes Canada mais a indiqué que le gouvernement continue d’encourager les deux parties à parvenir à un règlement négocié. “Nous croyons fermement au processus de négociation collective et à la capacité des parties à conclure des ententes qui fonctionnent pour tous,” a déclaré un porte-parole.

Alors que ce drame politique se déroule à Ottawa, les Canadiens se demandent: à quel moment le droit à la négociation collective cède-t-il le pas au service public essentiel que représente la livraison du courrier dans une démocratie moderne?

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