Dans la salle communautaire tranquille de Maskwacis, en Alberta, Sarah Littlefeather, âgée de 19 ans, démontre le changement de pouvoir qui se produit dans tout le paysage politique canadien. En organisant des jeunes Autochtones pour une prochaine séance d’information sur les élections fédérales, Littlefeather représente un mouvement croissant qui pourrait remodeler la démocratie canadienne.
“Nos ancêtres se sont battus pour notre droit de participer,” explique Littlefeather, en disposant les chaises en cercle—un choix délibéré qui honore les pratiques traditionnelles des conseils autochtones tout en créant un espace pour les discussions électorales modernes. “Beaucoup d’entre nous sommes la première génération de nos familles à avoir grandi sans l’ombre directe des pensionnats ou l’incapacité de voter.”
Des données récentes d’Élections Canada montrent que la participation électorale des Autochtones a augmenté de près de 15 points de pourcentage lors des dernières élections fédérales, les électeurs de moins de 30 ans menant cette vague. Ce changement survient après des décennies de sous-représentation qui découle à la fois de la privation historique des droits et des barrières systémiques actuelles.
Les peuples autochtones au Canada se sont vu refuser le droit de vote fédéral jusqu’en 1960, sauf s’ils renonçaient à leur statut d’Indien—un choix impossible entre les droits de citoyenneté et l’identité culturelle. Cette histoire d’exclusion a créé une méfiance générationnelle envers les systèmes électoraux, quelque chose que les jeunes Autochtones d’aujourd’hui travaillent activement à surmonter.
“Nous ne sommes pas seulement des électeurs—nous devenons des candidats, des directeurs de campagne et des conseillers politiques,” note Melissa Thunder, directrice de CO24 Politics, qui a suivi l’influence croissante des voix autochtones dans la gouvernance canadienne. “La question n’est pas de savoir si les jeunes Autochtones participeront, mais comment leur participation transformera notre conversation politique.”
Cette transformation arrive à un moment critique. Selon Statistique Canada, les peuples autochtones représentent la démographie la plus jeune et à la croissance la plus rapide du Canada, avec environ 44 % de moins de 25 ans. Leur influence électorale ne fera qu’augmenter dans les années à venir, particulièrement dans les circonscriptions clés du Manitoba, de la Saskatchewan et du nord de l’Ontario, où les électeurs autochtones peuvent faire basculer les résultats des élections.
Des organisations comme l’Assemblée des Premières Nations et Canadian Roots Exchange ont lancé des campagnes complètes de mobilisation des électeurs ciblant spécifiquement les jeunes électeurs autochtones. Leurs stratégies incluent l’utilisation de plateformes de médias sociaux comme TikTok et Instagram tout en menant une organisation communautaire traditionnelle à travers des ateliers dans les réserves.
Cependant, d’importants défis demeurent. Une enquête de CO24 News a révélé que les électeurs autochtones dans les réserves font toujours face à des obstacles substantiels, des bureaux de vote situés à des heures de route des communautés aux exigences complexes d’identification qui affectent de manière disproportionnée ceux qui vivent dans des réserves où les systèmes d’adressage standard n’existent pas toujours.
“Le système a été conçu sans penser à nous,” dit Jason Cardinal, défenseur de la réforme électorale. “Mais plutôt que de rester en dehors, nous nous y introduisons et