Dans les paysages accidentés de l’intérieur de la Colombie-Britannique, où les cols montagneux et les routes sinueuses séparent les petites communautés des centres urbains, l’accès aux produits frais a longtemps été un défi. Aujourd’hui, un programme novateur de livraison insuffle une nouvelle vie aux épiceries des communautés éloignées, transformant la sécurité alimentaire pour les résidents qui avaient auparavant des options limitées.
Le programme, lancé ce printemps en partenariat avec des agriculteurs régionaux et des entreprises de transport, livre des fruits et légumes frais deux fois par semaine aux magasins de communautés comme Hazelton, Telegraph Creek et Fort Nelson—des endroits où les résidents devaient souvent faire 3 à 4 heures de route pour atteindre le supermarché le plus proche.
“Avant ce service, notre rayon de produits frais se limitait à ce qui pouvait survivre aux longs délais d’expédition,” explique Marjorie Dawson, propriétaire du Lakeside General Store dans une communauté de 800 résidents. “Maintenant, nous offrons tout, des légumes verts aux petits fruits qui arrivent dans les 24 heures suivant leur récolte.”
L’initiative répond à un besoin critique dans ces communautés, où les défis de sécurité alimentaire du Canada ont été particulièrement aigus. Une étude de 2022 de l’Université de la Colombie-Britannique a révélé que les résidents des communautés éloignées de la C.-B. payaient jusqu’à 45% plus cher pour des produits frais que leurs homologues urbains, tout en recevant des articles de qualité nettement inférieure.
La ministre de l’Agriculture de la C.-B., Lana Popham, a visité l’un des magasins participants la semaine dernière, soulignant que “ce programme représente exactement le type de pensée innovante nécessaire pour renforcer les systèmes alimentaires ruraux.”
L’impact économique va au-delà de l’amélioration de la nutrition. James Whitecross, propriétaire d’un magasin local, rapporte une augmentation de 30% de l’achalandage global depuis qu’il a rejoint le programme. “Les gens viennent pour les produits frais et finissent par acheter d’autres choses aussi. Ça garde plus d’argent dans notre communauté.”
Le programme n’a pas été sans défis logistiques. La coordinatrice des transports, Sarah Freeman, décrit la coordination complexe requise: “Nous travaillons avec des véhicules à température contrôlée, des fenêtres de livraison serrées et des conditions météorologiques qui peuvent changer rapidement. Chaque livraison ressemble à un petit miracle.”
Les considérations environnementales ont été intégrées dès le départ. L’initiative privilégie les pratiques commerciales durables en utilisant des contenants réutilisables et en minimisant les déchets d’emballage. Les administrateurs du programme travaillent également avec les communautés pour établir des serres qui pourraient éventuellement compléter les livraisons avec des options cultivées localement.
Pour de nombreuses personnes âgées et celles sans transport fiable, le programme a été transformateur. “Avant, je devais organiser tout mon mois autour d’un seul voyage vers un centre plus grand pour l’épicerie,” raconte Eleanor Thompson, résidente de Telegraph Creek âgée de 78 ans. “Maintenant, je peux marcher jusqu’à notre magasin local et obtenir de meilleurs produits qu’auparavant.”
À l’approche de l’hiver, les organisateurs du programme font face à leur plus grand test—maintenir des livraisons fiables à travers les cols montagneux notoires de la C.-B. pendant la saison des neiges. Les plans d’urgence comprennent des livraisons potentielles par hélicoptère pour les expéditions critiques lors d’événements météorologiques extrêmes.
L’initiative survient alors que les questions de sécurité alimentaire dans la politique canadienne reçoivent une attention croissante, plusieurs provinces mettant en œuvre des programmes similaires adaptés à leur géographie et à leurs besoins.
Alors que ce programme s’enracine dans les communautés éloignées de la Colombie-Britannique, il soulève une question importante: ce modèle de connexion entre les petits agriculteurs et les communautés isolées pourrait-il créer un système alimentaire plus résilient à travers le paysage rural diversifié du Canada?